Nous poursuivons la retranscription de notes du curé Gabriel-Pierre Fabre extraites de son journal écrit en 1885.
Annie Giraud, présidente de Castellum
Lundi 18 mai
Selon le désir de plusieurs personnes nous allons à la chapelle de St Pierre, en portant le buste du Saint que la pluie nous avait empêché de porter le jour de l’Ascension. Un bon nombre de personnes viennent l’accompagner et assistent pieusement à la Ste Messe pendant laquelle on chante divers cantiques. D’après l’opinion commune, le pays serait menacé d’orage, de grêle si on négligeait de poter la statue de St Pierre à sa chapelle, d’après une fâcheuse expérience qu’on paraît en avoir et qu’on n’oublie pas, si ancienne qu’elle soit.
Jeudi 21 mai
Très forte pluie, du point du jour à trois heures du soir, à la vive satisfaction de tout le pays qui l’appelait de ses vœux les plus ardents, en voyant le besoin extrême qu’en avait la campagne, principalement les blés et le jardinage. On espère aussi que cette bienfaisante pluie alimentera la source de St Joseph qui arrose nos jardins. Puisse cette précieuse faveur exciter la reconnaissance de nos gens envers notre bon Père du ciel et les rendre tous plus fidèles à leur devoir de chrétiens.
Lundi 22 juin
[…] Mr Laurent Lazare me fait appeler pour examiner un coup de pied de son mulet qu’il a reçu à la jambe. La plaie me paraît légère et à peu près sans enflure et sans beaucoup de douleurs. Je me contente d’appliquer le papier Fayard.
Vendredi 26 juin
Le choléra continue ses ravages en Espagne. A Madrid où les cas sont encore rares, contrairement aux autres villes, on arrête les dépêches aux bureaux du télégraphe, pour ne pas laisser l’effroi se propager. A Murcie, on a compté 215 cas et 95 morts. L’évêque se multiplie pour donner ses soins les plus dévoués à tous les malades. Trois journaux ont cessé leur publication, faute d’imprimeurs tous décimés ou en fuite, comme la plupart de ceux à qui il a été possible de s’éloigner. Les fossoyeurs manquent également et les parents et amis des victimes sont obligés d’ensevelir eux mêmes leurs morts. La consternation est à son comble.
Mardi 14 juillet
La grande fête nationale passe ici, comme d’usage, à peu près inaperçue. Tous nos gens sont à la moisson qui presse, même les enfants à qui est donnée la vacance privilégiée. Aucun emblème au dehors, pas même aux édifices publics, pas même un jeu de boules. La nuit venue, on a pu voir trois lanternes vénitiennes à l’auberge Bec, 3 au magasin Arnoux, 2 à la maison commune et 1 chez Bonniol.