Dimanche 20 septembre 2020 - 11 h 30 : la mairie et l'association Castellum avaient invité la population et toutes les instances amies à l'inauguration du petit conservatoire des outils anciens installé au sein du Jardin de Clément. L'inauguration avait été prévue en 2018 mais avait dû être plusieurs fois reportée. Ce fut l'occasion à la fois pour le nouveau maire du Castellet, Benoît Gouin, et la nouvelle présidente de Castellum, Annie Giraud, de faire en quelque sorte leur baptême du feu. Et pour une inauguration, ce fut une belle inauguration ! En outre le choix de la date correspondait aux Journées européennes du patrimoine 2020, sur le thème « Patrimoine et éducation : apprendre la vie ». On ne pouvait rêver meilleur sujet pour cette exposition permanente qui se donne pour objet de faire connaître à toutes les générations quel furent le cadre et le mode de vie de leurs ancêtres.
Certes dans une période et une situation incertaines en raison du coronavirus la nécessaire distanciation a réduit le nombre de participants, mais la mairie et l'association Castellum avaient tout prévu pour qu'aucun risque ne fût pris : masques et gel hydoalcoolique à la disposition de tous, affichage des conseils et des règles établies pour ce jour-là. Et de fait tout s'est déroulé dans des conditions idéales.
Symbole de la transmission intergénérationnelle, le ruban tricolore était maintenu par des enfants de la commune…… pendant que le maire le découpait et en distribuait des échantillons.Tout aussi symboliquement la plaque décrivant l'outillage à mains fut dévoilée par Benoît et Annie…… avant que celle-ci ne prenne la parole pour son discours inaugural (à lire en fin d'article).Le maire, ensuite, profita de l'occasion pour évoquer la mémoire de Clément ainsi que pour remercier Annie et sa maman pour le don du terrain à la commune afin d'y installer ce lieu de recontre si prisé des habitants.Le cabanon du jardin, restauré, abrite désormais tous les outils confiés à Castellum par quelques familles. Une plaque permet de les reconnaître et de les nommer en français et en provençal. Une autre évoque, en photographies, d'anciennes activités du village.Loulou Bonnet, Alain Robert, Gilberte Laurent, Mimi Armelin, André Laurent et Joseph Bloise : des soutiens inconditionnels des actions de Castellum.Un service ganté (la grande classe) pour le verre de l'amitié, des sachets individuels pour grignoter, des masques, du gel hydroalcoolique et des poubelles pour les verres et les sachets vides… voilà d'élémentaires précautions en cette période.
Installation des panneaux descriptifsLa semaine précédant l'inauguration, tous les panneaux ont été installés par les employés municipaux sous l'œil bienveillant du maire.Par un coup de chance – ou de hasard, au choix – le panneau du ventaire passait au millimètre près entre deux montants de l'instrument, ce qui a permis de l'installer à un endroit privilégié.Des supports avaient été réalisés sur mesure dans l'atelier communal par nos employés pour accueillir les descriptifs.Et même la vieille fontaine installée dans le jardin a eu droit à son historique.Un à un les engins tractés ont été décrits sur un panneau, avec photographie d'un acien du village. Ici la faucheuse…… puis la faneuse…… le râteau…… le rouleau avec le poteau du tourniquet…… puis la remorque à foin…… et enfin le tarare…Tous ces engins, installés dans l'ordre de leur utilisation, permettent ainsi de comprendre le travail de la terre par nos anciens.Indiquons au passage que toutes les grilles en fer forgé, que nous envient nos villages voisins, ont été entièrement réalisées sur place par nos employés Franck et Renaud. Enfin, à une cinquantaine de mètres du Jardin de Clément, un panneau a également été installé dans le four à pain pour évoquer les transports de fagots de genêt à destination de l'ancienne boulangerie du village.
Discours d'Annie Giraud, présidente de Castellum
Mesdames, Messieurs, Chers amis
Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation.
Aujourd’hui l’araire, l’enclumette ou encore la faucille sont des mots quasiment inconnus des jeunes générations. Hier nos anciens labouraient la terre avec l’araire, ils coupaient le blé ou la lavande avec la faucille, ils rebattaient la lame de la faux sur l’enclumette. Dans les champs, à l’étable, au jardin ou au poulailler, nos aïeux ont fait preuve d’ingéniosité et de persévérance. Ils ont fait évoluer l’outillage pour rendre leur quotidien un peu moins difficile.
Pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli – et parce qu’ils sont le témoignage de la vie quotidienne des femmes et des hommes qui ont modelé notre pays – Castellum a voulu rassembler tous ces outils et les exposer dans ce petit conservatoire. Ces objets sont identifiés par leur nom en français et en provençal, la langue de leurs propriétaires. Préserver, valoriser ce patrimoine et surtout le partager et le transmettre tient particulièrement à cœur à notre association. C’est d’ailleurs le thème des Journées européennes du patrimoine 2020.
Je remercie chaleureusement les familles qui nous ont confié les outils ainsi que les photos de leurs ancêtres. Je remercie Henri Garcia et maintenant Benoît Gouin et leurs conseils municipaux pour leur aide sans faille dans ce projet. Un grand merci aux employés communaux Franck et Renaud. Je précise que les maquettes des panneaux explicatifs ont été réalisées par Serge, je l’en remercie. Enfin je remercie tous les adhérents de Castellum pour leur soutien.
Castellum dédie ce conservatoire à la mémoire de celles et de ceux qui ont utilisé ces outils qui portent en eux leurs gestes de tous les jours. Ils racontent le passé pour mieux éclairer le futur.
Discours de Benoît Gouin, maire du Castellet
Mesdames, Messieurs, Madame la présidente, Chers amis,
C'est avec plaisir que l'on inaugure aujourd’hui ce conservatoire d'outils agricoles anciens qui étaient les partenaires essentiels de nos anciens.
Pour moi, agriculteur 2.0 comme on dit maintenant, ça me fait réaliser toute l'évolution de notre métier en l'espace d'un siècle.
Mais ces outils, ici, ont une deuxième vie, en laissant aux plus jeunes une part du patrimoine local.
Beaucoup d'entre nous ne savent pas à quoi ces outils servaient et encore moins comment on les utilisait. Ils trouveront les réponses ici.
Installer ce conservatoire ici dans le jardin d'enfant à tout son sens car c'est aux jeunes générations que l'on transmet le patrimoine. On pourrait aussi appeler cet espace « jardin intergénérationnel ».
Aujourd'hui on inaugure ce conservatoire, mais c'est le lieu tout entier que l'on devrait inaugurer.
Ce lieu c'est le Jardin de Clément.
Je ne peux pas passer sous silence que ce terrain a été offert à la commune par Annie Giraud et sa maman Lulu, pour que ce soit un lieu de vie. Et je pense que cela est parfaitement réussi grâce à Henri Garcia et son conseil municipal avec le partenariat de Castellum et son ancien président Serge Klutchnikoff.
Je tiens à te remercier Annie pour tout le travail que tu fais avec Castellum pour notre village et pour le patrimoine local.
Sache que la commune sera toujours présente à vos côtés dans vos projets à venir.
Remerciements en forme d’épilogue
Vous avez pu apercevoir sur une photo Mimi Armelin, André Laurent et Loulou Bonnet. Je tiens tout particulièrement à les remercier. C’est en effet grâce à eux que j’ai pu mener à terme mon travail de recherche pour réaliser ces panneaux. Ils m’ont expliqué la destination et l’utilisation de ces engins.
Pour André cela remonte aux souvenirs d’enfance : son père et son grand-père se servaient de ces outils qu’il nommaient quotidiennement dans leur langue maternelle, le provençal.
Pour Mimi, il s’agit essentiellement de souvenirs concernant Charles, son époux, qui parlait la même langue et avait le même usage de ces outils.
Pour Loulou c’est une partie de sa vie puisqu’il était vendeur de matériel agricole. Et en tant que prof’ de provençal auprès des Fileuses d’Oraison, c’est lui qui a vérifié la bonne orthographe et l’accentuation parfois piégeuse.
Un grand merci donc à tous les trois.
Peut-être trouverez des noms légèrement différents dans certains ouvrages sur l’outillage agricole provençal. Il faut se souvenir que la langue variait – parfois même assez fortement – d’un village ou d’une région de Provence à l’autre. Ce sont donc les appellations locales, celles des « Basses-Alpes » et plus particulièrement du Castellet, que j’ai retenues pour ce parcours dans la dure vie de labeur de nos ancêtres.
Serge Klutchnikoff