La Provence est terre de légendes. Elle n’est pas la seule. Rien qu’en France l’Auvergne ou la Bretagne sont réputées pour les vieux contes fantastiques souvent mêlés de religieux. Passons aussi sur les fantômes des châteaux écossais ou les nains des vieilles légendes rhénanes. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est un tout petit conte hollandais qui existe en plusieurs versions plus ou moins arrangées. En voici l’essentiel.
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Un chevalier du Moyen Âge, pauvre hère d’une famille ruinée, vivait en solitaire sur ses terres. Pas de vie sociale dans un milieu où l’argent offrait toutes les occupations de loisirs. Lassé de son isolement il se lamenta : « Je donnerais tout pour devenir riche. » Le Diable l’entendit et se présenta devant lui le sourire aux lèvres. « Tu auras autant d’or que tu le souhaites. En échange, au soir de tes 50 ans, tu me donneras ton âme. » Le chevalier réfléchit et répondit : « Je serai d’accord si tu me laisses jusqu’au moment où ce chêne, devant ma demeure, aura perdu toutes ses feuilles. » Le Diable accepta et le pacte fut conclu.
Aussitôt le chevalier changea de vie, aménagea son château, organisa de brillantes réceptions et des fêtes somptueuses. Mais, n’oubliant pas l’infortune qui fut la sienne et disposant d’autant d’argent qu’il le souhaitait, il fit le bien tout autour de lui et supprima toute misère de ses terres.
À l’approche de ses 50 ans, sachant que le Diable ne l’oublierait pas, il se désespéra. Avec un profond repentir il pria Marie qui lui pardonna aussitôt eu égard à sa générosité envers les pauvres. Elle ordonna alors au chêne de conserver toutes ses feuilles séchées jusqu’à l’apparition, au printemps, des nouvelles feuilles.
Lorsque le Diable vint chercher le chevalier ce dernier lui rappela les termes du pacte : « Je te donnerai mon âme lorsque ce chêne n’aura plus aucune feuille. » Se rendant compte qu’il avait été berné, le Diable entra dans une colère folle et bondit tout en haut de l’arbre pour lui arracher ses feuilles à coups de dents et de griffes. Mais il ne parvint qu’à les déchiqueter partiellement sans les faire tomber.
Et voilà pourquoi aujourd’hui encore les feuilles de chêne portent toujours les traces de la grande colère du Diable.
[...] »
Conte hollandais retranscrit par Castellum