Le Chœur du Pays de Forcalquier, animé et dirigé par Claude Martel, a choisi de venir au Castellet présenter son nouveau programme, la Pastorale Maurel. Marie-Ange Garcia a chanté de longues années dans ce chœur au pupitre des altos. Ses amis ont voulu lui rendre un hommage au plus près de sa date d'anniversaire, onze mois après qu'elle nous a quittés. Avec l'accord empressé du père Joseph, ce 25 novembre, l'église Saint-Pierre a ainsi servi d'écrin à une représentation pleine d'émotion.
Membre lui aussi de la chorale, Henri Garcia a remercié, pour l'hommage rendu à son épouse, ses amis ainsi que le père Joseph
pour son accord et pour le réconfortant courrier personnel qu'il lui a adressé.
Au nom de la chorale le père Christophe Disdier-Chave de Forcalquier a adressé un message d'espoir et d'amour très poignant
à Henri, David, Laure, Alan et Pierre, rappelant tout ce qu'a été Marie-Ange et tout ce qu'elle demeure dans nos cœurs.
Le spectacle
Quelque part dans une Judée provençale, les bergers endormis vont se réveiller alors qu'un chœur célestre se fait entendre.
Premier réveillé, le berger Micoulau accueille l'ange Gabrièu qui vient d'apparaître pour annoncer la venue du Messie.
Les bergers partent réveiller les uns après les autres tous les habitants du village, à commencer par Barnabèu le meunier.
La scène s'emplit des personnages représentant les vieux métiers. Il y a même le Boumian accompagné de son fils Chicoulet…
… et les valets de ferme, les hommes et les femmes qui se retrouvent sur la place du village pour partir ensemble à Betelèn.
Amateur du sang de la vigne, Pimpara, le rémouleur, est présent, buvant au passage quelques gorgées de rouge…
… pour se donner, avec gaieté, l'ardeur au travail, en chantant l'ode du gagne-petit.
C'est aussi le moment d'aller réveiller les vieux, Roustido appelant Jourdan qui apparaît à la fenêtre…
… et un peu plus tard sa femme, Margarido, vite habillée mais ne cessant de râler contre son mari peu attentionné.
Cela s'arrange à la fin et notre petit monde est bien décidé à partir pour le village où est né l'Enfant.
Tout n'est pas terminé. À la ferme, Pistachié, le simplet, tombe dans le puits. Vient alors une des plus fameuses chansons
de cette pastorale. Tout le monde tire la corde pour le sortir de là, pendant que Jourdan ôte un à un ses nombreux gilets.
Pistachié est enfin sauvé et sort du puits, éclaboussant tout le monde… et surtout Margarido.
On apprend que les rois mages aussi sont en chemin pour le village du nouveau-né, indiqué par une étoile nouvelle.
Alors tout ce petit monde naïf de la société provençale du XIXe siècle part à Betelèn rendre hommage au divin enfant.
Chacun vient avec ses offrandes et avec une âme pure et vivifiée en attente de la rédemption.
Car on ne vient pas les mains vides devant le fils de Dieu. Alors on apporte des présents : une courge, une dinde, etc.
De petits miracles vont également s'accomplir. Le Boumian devient un brave homme et Chicoulet est rendu…
… à son véritable père, l'aveugle, qui au passage recouvre la vue.
Jourdan et Margarido retrouvent l'amour et la paix entre eux. Jiget, le valet bègue parle soudain normalement.
Et la pastorale se termine par le chœur final brillant et entraînant "O rèi de glòri" ( Ô roi de gloire).
Le spectacle fini, Claude Martel a rappelé la difficulté pour les choristes de donner ce spectacle en hommage à Marie-Ange.
Difficulté mais avant tout immense bonheur car tous ont ressenti sa bienveillante proximité dans l'église de son village.
Elle a aussi indiqué à tous les spectateurs que leur participation au chapeau serait intégralement reversée à la recherche
contre le cancer, cette maladie qui a trop tôt emporté celle à qui le rôle de Margarido devait intialement être réservé.
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Le chapeau, en fin de spectacle, s'est empli de 445 € versés par plus d'une soixantaine de spectateurs.
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Le Chœur de pays de Forcalquier est présidé par Pierre Rey. Michel Félician a tenu la fonction de récitant pour condenser les longs passages joués de la pièce d'origine qui dure quatre heures, alors que la version récitée et chantée en costumes a été réduite à un peu moins de deux heures.
Enfin un grand merci à Jean-Jacques Tournebise, titulaire de l'orgue de la cathédrale de Forcalquier, l'accompagnateur musical de ce très beau spectacle.
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Généralement datées du XIXe siècle ou de la première moitié du XXe les pastorales sont des représentations théâtrales parlées et chantées typiques de la Provence. Naïves, elles sont écrites pour la plupart en provençal et elles évoquent toutes le même sujet : la Nativité. L'esprit religieux était donc très marqué à l'époque. Aujourd'hui ces pastorales ont acquis une dimension culturelle car écrites dans la langue de Mistral et donnant accès à une étude sur la vie de nos aïeux il y a 150 ans. La Pastorale Maurel a été écrite en provençal de Marseille en 1844. On la doit à Antoine Maurel, homme d'écriture aux activités très diversifiées puisqu'il fut ouvrier dans différents secteurs avant de devenir administrateur du conseil des sociétés de secours mutuel du département des Bouches-du-Rhône.