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Régis Dejasmin a su créer une véritable dramaturgie dans ce spectacle qui s'impose non pas comme une suite de chansons ou une sorte de concert, mais plutôt comme une pièce de théâtre qui nous entraîne progressivement dans la guerre avec l'insouciance du début, l'espérance d'un conflit rapide et forcément victorieux de l'Armée française pour nous enfoncer petit à petit dans la désespérance. On passe de l'adhésion générale de la France ("tous à Berlin avec la fleur au fusil") aux récits de la pire horreur et du refus, avec des chansons interdites. Des textes de Jean Giono (extraits des récits pacifistes)  alternent ici avec les chansons de la Grande Guerre. Giono raconte non pas l'admirable bataille de Verdun, mais les conditions inhumaines dans lesquelles les soldats ont essayé de survivre ; il met en avant le cynisme, l'incompétence, la férocité et l'absence totale de compassion des Autorités (État et haut commandement de l'Armée) vis à vis de la masse des soldats qui ne sont que chair à canons. On passe successivement des chansons militaires aux chansons militantes, des chansons belliqueuses aux chansons contestataires avec la plus célèbre d'entre elles, "La chanson de Craonne" écrite de façon anonyme. L'État français avait même promis une très forte récompense pour qui en aurait dénoncé l'auteur. Personne n'a jamais fait la moindre dénonciation. Vous l'aurez compris, pendant une heure et demie l'ensemble "Plain Chant" a remué les tripes des 85 spectateurs réunis – après l'exposition sur le centenaire de 14-18 – dans la salle polyvalente (et dans le recoin en renfoncement, le corps principal de la salle étant complètement empli). Une salve d'applaudissements a salué la performance des chanteurs de cet ensemble et de ses musiciens (accordéon, guitare, flûte, scie musicale…). L'association Castellum est fière d'avoir pu offrir un spectacle d'une telle qualité à la population et remercie l'ensemble de Régis Dejasmin pour cette exceptionnelle prestation.

BALLADE01
Avant leur installation les membres du groupe Plain-Chant sont ravis de trouver un travail sur les chansons, qui entre en parfaite
résonnance avec le programme qu'ils ont mis sur pied. Sans compter la gouaille du travail sur l'argot des tranchées !

BALLADE02
Le corps principal de la salle polyvalente étant  insuffisant pour contenir tous les spectateurs, une partie du public devra se contenter
d'aller dans le recoin latéral, sur le côté de la scène. Rançon du succès !

BALLADE03
Dès le commencement l'ensemble Plain-Chant s'impose par la précision de la mise en scène, la justesse des voix et la force dégagée
par la scénographie (les mouvements et les déplacements des chanteurs et du récitant).

BALLADE04
Le récitant,  Régis Dejasmin lui-même, donne vie aux textes prégnants de Jean Giono, les fait vibrer et résonner au fond des poitrines
des spectateurs. La force des mots est telle qu'ici – à la différence des chansons – point d'applaudissements en fin de récit.

BALLADE05
L'alternance entre parties lues et chantées permet de faire retomber une tension qui, sinon, deviendrait vite insupportable.

BALLADE06
L'accompagnement musical vient à point soutenir l'ambiance et la couleur de chacune des chansons.

BALLADE07
Cela permet aussi des transitions douces après des moments d'intense émotion.

BALLADE08
Émotion intense justement au moment du monologue au téléphone du président de la République, Raymond Poincaré.
Monologue, car le dialogue est tronqué : on n'entend jamais le général à l'autre bout du fil. Le texte fait froid dans le dos.

BALLADE09
La scie musicale ponctue de façon lancinante, comme une vrille qui vous taraude l'esprit, ce texte implacable dans sa logique
jusqu'au-boutiste et totalement inhumaine. C'est le texte de Giono à la virgule près, un plaidoyer contre l'imbécillité de la guerre.

BALLADE10
Enfin le spectacle se termine sur une note de début d'espérance de ceux qui, bien naïvement, croyaient que la "der des ders"
serait vraiment… la dernière.

BALLADE11
Un tonnerre d'applaudissements vient un peu, comme en contrepoint, remplacer la sourde présence évoquée des interminables
tirs de mitrailleuses, de canons, de marmites ou de shrapnels qui tenaient une terrible compagnie aux malheureux poilus de 14-18.

BALLADE12
Neuf chanteurs et musiciens de grand talent pour un sublime spectacle. Merci à l'ensemble Plain-Chant…

 

Chanteurs : Jean-Pierre Michau, Michel Berlengue, Pierre Rey, Edmond Granoux, Michel Henry, Vincenzo Cuccu, Didier Bernhart.
Accordéon: Riton Palanque.
Concepteur et lecteur : Régis Dejasmin.