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C'est un rituel immuable. Le 11 novembre, chaque année, la population est invitée à former un cortège entre la mairie et le monument aux morts pour rendre hommage aux soldats morts pour la France. Et chaque année deux parmi les plus jeunes du village portent les gerbes de fleurs offertes traditionnellement par la mairie et par les associations d'anciens combattants. Cette année deux filles, Clairine et Mélanie Bassuel ont assumé cette charge pendant que Brandon Bigotto officiait en tant que porte-drapeau.

11NOVEMBRE01
11 heures : le cortège se met en route vers le monument aux morts.

11NOVEMBRE02
Dans le silence et le recueillement, la population s'installe autour du monument aux morts pour écouter le message officiel du ministre
de la Défense, chargé des Anciens Combattants, lu par Benoît Gouin.

11NOVEMBRE03
C'est ensuite le moment du dépôt des gerbes, avec d'abord celle des Anciens Combattants apportée par Mélanie et Marcel Avargues,
représentant de l'amicale des Anciens Combattants victimes de guerre.

11NOVEMBRE04
Puis c'est au tour du maire Henri Garcia et de Clairine de déposer la gerbe de la municipalité.

11NOVEMBRE05
Henri Garcia, au début de son discours personnel, égrènera, un à un, les noms des Castellians tués à la guerre, le public répondant,
chaque fois :
Mort pour la France. Puis, à la fin de son discours, il demandera une minute de silence.


2016 : cérémonie du 11-Novembre
Discours du maire Henri Garcia

Monsieur le président des Anciens Combattants,
Messieurs les pompiers,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,

Au delà de l'hommage que nous voulons rendre à tous les soldats morts pour la France en nous rassemblant devant ce monument, nous avons coutume, ici, de rappeler le nom des Castellians ; je vous remercie de répondre par ''mort pour la France'' à l’appel de leur nom…

BRUN LEON
BARLATIER JOSEPH
RICHAUD EUGENE
ARMAND GABRIEL
MAILLET LEON
SAUVAN PAUL
BLANC ELIE
PERNOT HENRI
FABIUS CHARLES
MENC EUGENE
REYNIER MARIUS

11 novembre 1918, une date apprise à l'école et que notre calendrier nous remet en mémoire chaque année, aux premiers froids. Une date qui marque la fin d'une des plus grandes tragédies du vingtième siècle, qui fut celui de toutes les violences, de tous les drames et paradoxalement, celui de tous les progrès, comme pour rappeler que la connaissance est un début de la sagesse. Il est difficile de ne pas rencontrer de monuments aux morts, et plus difficile de ne pas lire en passant, le nom d'un de ceux qui y figurent, parce que l'on est un homme et que la disparition d'un innocent ne peut que choquer. C'est le petit hommage personnel et inconscient à un parfait inconnu, dont il ne reste rien à part un prénom et un nom gravés dans la pierre ou dans le marbre.
Un inconnu, c'est sûr, mais qui est peut-être le grand-père du passant que l'on vient de croiser, car la guerre de 14 n'est pas seulement un drame de l'histoire, mais aussi et surtout une tragédie familiale, vécue partout dans une France tendue vers les buts universels de chaque guerre : résister, tenir, avancer, gagner le terrain reperdu la veille, mourir pour un mètre de sol dévasté.
Il suffit de savoir qu'en 1936 la France ne compte que 87 000 habitants de plus qu'en 1911 pour comprendre la saignée que fit cette guerre dans la population, pour envisager le nombre de victimes dont les noms sont gravés sur chaque monument aux morts de chaque commune française. Bien sûr, c'était il y a longtemps, plus de 100 ans. Bien sûr, ceux qui ont vu cette guerre nous ont quittés et avec eux le souvenir d'un moment tragique de l'Europe, un continent qui prit conscience de sa fragilité après avoir, pendant des siècles, montré au monde les voies de sa civilisation. Pourtant malgré la disparition des derniers témoins de cette guerre, malgré ces cent années qui se sont écoulées, nous tous, ici, avons conscience de l’histoire qui se cache derrière des noms comme : 1916 bataille de Verdun, Fort de Douaumont, Avocourt, Fort de Vaux, Voie Sacrée, Pétain, Nivelle, Mangin. Nous avons conscience de la somme de souffrances qui se cache derrière des nombres comme "300 000 morts", ou "un obus toutes les 3 secondes". Nous ne pouvons qu’imaginer la peur de ces soldats qui pendant plusieurs heures, pendant des jours ont vécu de 3 secondes en 3 secondes : l’explosion, le soulagement, l’attente et l’explosion à nouveau.Et pourtant chacun d’eux savait que ce n’était que le début, chacun d’eux savait que le pire était encore à venir. Les obus finiraient par se taire. Commencerait alors la grande charge des hommes, baïonnette au poing…
Le travail de l'historien ne consiste pas, je pense, à justifier les erreurs des hommes, mais à rendre justice aux victimes de ces erreurs, les obscurs, les petits dont la mort ne signifie qu'une unité de plus à la colonne des pertes de chaque bataillon, de chaque armée, de chaque guerre.
Le travail de l'historien, c'est aussi tenter d'expliquer comment ces victimes ont résisté, comment nos grands parents ont trouvé les forces pour tenir les espaces ravagés de notre terre.
Expliquer comment, en subissant quatre années durant, tout ce que la haine, la violence, la force brutale et la technique mêlées peuvent faire sur le corps et sur l'âme de l'homme, on peut encore parfois trouver la force d'être un soldat obéissant et discipliné.
Expliquer que, sous une grêle de métal qui fait successivement disparaître les compagnons qui réconfortaient et rassuraient un peu, malgré tout, on reste  pendant des mois un homme, essayant de se recréer une sorte de famille provisoire avec ses semblables, au même destin, aux histoires identiques, aux blessures analogues.
Je ne crains pas de dire qu'être français c'est aussi se souvenir des soldats de cette guerre, qu'être français c'est un peu savoir que la Somme, La Marne et Verdun ne sont pas uniquement des noms de rivières et des noms de lieux...Être français c'est, en dehors de tout critère de couleur de peau, de politique ou de religion, se sentir porteur de toute l'histoire de la France avec ses réussites, ses luttes et ses échecs.
Pour être porteur de ce passé, il suffit aussi, quel que soit notre âge, de respecter le jour qu'est le 11 novembre, et de se faire le devoir annuel de transmettre aux plus jeunes sa signification… Le 11 novembre, la leçon d'histoire a lieu partout.
C’est en hommage à cette histoire, à ce passé, à ces hommes  que je vous demande d’observer une minute de silence.