Il y a un siècle les Basses-Alpes (eh oui, ce n’étaient pas encore les Alpes-de-Haute-Provence) étaient un département pauvre et rural. La guerre de 14-18 venait juste de se terminer. Nous allons voir à travers quelques exemples que la vie n’était pas facile. Malgré cette pauvreté des Hommes célèbres y demeuraient ou y ont vu le jour.
L’exode rural
Si la population des Basses-Alpes atteint un pic vers 1830, elle décroît ensuite en raison, dejà, de la première vague de mondialisation (ouverture des frontières pour des produits industriels ou manufacturés – comme la laine, ce qui touche notre département). C’est le début de l’exode rural, le travail se recentrant dans – et autour – des grandes villes. Pour les Basses-Alpes on remarque une baisse des espaces cultivés, ce qui profite à l’élevage ovin qui peut s’étendre sur les pâturages. Et puisque la laine n’est plus concurrentielle sur le marché, les éleveurs vont produire essentiellement de la viande avec un rajeunissement des mâles dans les troupeaux. On consommera donc moins de vieux moutons de trois ou quatre ans ayant produit plusieurs toisons, mais de jeunes agneaux de six mois s’étant essentiellement nourris dans la nature. La coûteuse nourriture hivernale n’est plus nécessaire que pour les brebis mères. Du coup des Basses-Alpes deviennent un important producteur d’agneaux de boucherie. Parallèlement on assiste à la création d’abattoirs. Celui de Sisteron date de 1920.
La lavande au secours des agriculteurs
Les revenus agricoles restent faibles malgré la réorientation des exploitations. Dans ce contexte – et avec une demande croissante – la culture de la lavande sur les plateaux du département se développe dans les années 20. On connaît son succès qui a plaqué sur toute la Provence une belle couleur violine qui est la carte de visite (et la carte postale) de la région à l’étranger… jusqu’en Chine qui envoie des milliers de touristes tous les ans près de chez nous.
La pénurie alimentaire
Après la guerre de 14-18 la France a perdu près d’un million et demi de ses enfants. Nos campagnes sont exsangues. La pénurie alimentaire touche toutes nos régions et les Basses-Alpes ne font pas exception. Le 10 février 1918 une loi fixe le rationnement des produits de première nécessité comme le pain, le beurre, le lait, la crème, les fromages, la farine, le sucre… Un arrêté du 16 août 1920 met en place un système de rationnement du sucre par cartes (très utile pour faire les confitures, seule façon à l’époque de conserver les fruits du jardin).
Monuments historiques
Ce qui intéresse le patrimoine intéresse forcément Castellum. Eh bien, en 1920 M. Armand Constant Guéritte, architecte, est nommé Architecte en chef des Monuments historiques, chargé du département des Basses-Alpes.
La ligne Maginot
À la fin des années 20 la France met en place une sécurisation de ses frontières contre d’éventuelles invasions ennemies. Des postes fortifiés sont installés dans les Basses-Alpes, tout particulièrement dans la vallée de l’Ubaye.
Les personnages célèbres de Basses-Alpes
Jean Giono (1895-1970)
En 1920 notre célèbre Manosquin a 25 ans. Il vient de sortir ébranlé de la première guerre mondiale (il a été démobilisé en octobre 1919). 1920 est l’année où il perd son père. Il est employé dans une banque et compose des poèmes mais il faudra attendre 1929 pour le voir éditer son premier livre Colline.
Maria Borrély (1890-1963)
Originaire de Marseille, elle épouse en 1910 Ernest Borrély et s’installe avec lui à Puimoisson puis à Digne en 1933. Amie de Giono et de Proal, c’est dans les Basses-Alpes qu’elle écrit la totalité de son œuvre.
Jean Proal (1904-1969)
Natif de Seyne-les-Alpes, ami de Giono, Borrély mais aussi d’Aragon et de Hartung, il « émigre » à Saint-Rémy-de-Provence en 1950.
Pierre Magnan (1922-2012)
Notre Manosquin, ami de Giono, est né juste deux ans après 1920. Installé à Forcalquier, il a situé toute son œuvre dans notre « pays ».
Pierre Martel (1923-2001)
Lui non plus n’était pas encore né en 1920. Il est le créateur d’Alpes de Lumière.
Honoré Bonnet (1919-2005)
Né à Barcelonnette, il est à l’origine, comme entraîneur, de la période d’or du ski alpin français au niveau mondial et olympique.
André Honnorat (1868-1950)
Cet homme politique français né et mort à Paris a été député des Basses-Alpes à partir de 1919, puis sénateur de notre département à partir de 1921. C’est à lui qu’on doit l’heure d’été en 1916 et, en 1920, la Fondation internationale contre la tuberculose.
Livres parus en 1920
- F. Arnaud et G. Morin publient un livre sur le langage de la vallée de Barcelonnette
- R. Blanchard étudie l’orientation économique des Basses-Alpes
- R. Blanchard s’occupe des voies de communication entre la France et l’Itale
- R. Blanchard scrute le glacier de la Durance en aval de Sisteron
- V. Cotte s’intéresse à la préhistoir en Haute-Provence
- L. Fondard scrute la culture de la lavande dans les Basses-Alpes
- J. L’Huillier étudie le chemin de fer entre Grenoble et Nice