Histoire d’une reconstruction
L’histoire des édifices religieux du Val de Rancure est plutôt bien connue grâce au travail de fond d’André Laurent qui, depuis des décennies, fouille les archives communales, départementales, ainsi que celles de l’évêché de Digne. Les tapuscrits de ses travaux sont consultables à la bibliothèque du village et c’est un autre projet de l'association Castellum de les éditer ultérieurement, comme a déjà été édité son ouvrage Fontaines et lavoirs du val de Rancure. En ce qui concerne les cinq oratoires du Castellet, là encore on a des certitudes : l’oratoire du quartier du pavillon, visible il y a quelques années encore, était dédié à saint Pierre. Un autre oratoire se trouvait sur le plateau au sud du village près de la ferme de Lebret. On peut encore voir aujourd’hui ses ruines. Il était dédié à la Vierge Marie (à ne pas confondre avec le récent petit oratoire privé de M. Pigeon, dédié à saint Jean-Baptiste, qui se trouve à l’entrée de cette ferme). Plus loin encore sur ce plateau se trouve un autre oratoire devant la ferme de Codaret. Détruit au milieu du xxe siècle par le passage d’un camion, il avait été reconstruit par la famille Pellautier. Enfin à l’ouest du village, au quartier des Itardes, se trouvait l’oratoire qui nous intéresse aujourd’hui
Pour ce dernier oratoire on sait à qui il était dédié grâce au journal du curé Gabriel-Pierre Fabre, en 1885, qui mentionne la procession pour saint Marc.
Saint Marc est considéré comme le patron des notaires et des verriers. Mais en Provence, dans une grande partie du Languedoc et dans le Comtat Venaissin il est préféré à saint Vincent en tant que patron des… vignerons ! Or l’on sait grâce à l’ouvrage de l’abbé J.-J.-M.‑Féraud Géographie historique et biographique des Basses-Alpes, de 1844, qu’il y avait du très bon vin au Castellet. Ceci explique-t-il cela ?
La reconstruction de cet édifice a été décidée depuis de longues années. Des concerts furent organisés dans notre église par Nicolas Klutchnikoff puis Laurent et Pierrick Testut, avec l’accord du curé de l’époque. Les sommes récoltées avaient alors été affectées à l’association Castellum pour la réalisation de l’oratoire.
Dessin du projet préparatoire dressé par André Laurent.
Les anciens du village avaient bien connu les restes de l’oratoire originel définitivement perdus et recouverts sous le goudron en 1978, lors de la réalisation de la déviation. Par chance la description concordante par Clément Giraud et André Laurent a permis à ce dernier d’en restituer le plan de toute la partie basse et d’imaginer le haut. Restait le choix de l’emplacement. Deux critères furent déterminants : la proximité par rapport à l’édifice d’origine et l’absence de danger pour la circulation automobile. C’est là qu’intervint Annie Giraud en proposant la reconstruction sur un terrain lui appartenant. Il ne restait plus qu’à réunir une petite poignée de bénévoles acceptant de consacrer quelques heures de leur temps à cette mission et susceptibles de trouver des dates libres en commun. Pas facile avec les nombreuses autres activités et responsabilités de chacun. Si l’on ajoute l’indisponibilité de certains pendant de longs mois pour raisons familiales, on comprend mieux le temps nécessaire pour la réalisation complète de l’édifice. Enfin le dernier retard a été délibéré afin de faire concorder au plus près la bénédiction de l’oratoire avec la fête de saint Marc célébrée le 25 avril. Si l’objet de l’association Castellum est vaste derrière la notion de patrimoine et si de nombreuses actions ont déjà été entreprises depuis sept ans (fêtes, expositions, édition d’un ouvrage d’André Laurent sur les fontaines et lavoirs du val de Rancure), l’oratoire Saint-Marc est la première entreprise de reconstruction menée à bien.
André et Serge avec la faucille et le marteau ?
Oui, des outils indispensables pour défricher et enfoncer les piquets de délimitation !
Jean-Pierre a emmené son matériel pour couler le béton et réaliser des fondations solides.
Un socle d’un mètre-cube, consolidé par des pierres et de la ferraille…
Étape suivante : la réalisation du socle qui recevra l’édifice.
Alors seulement la construction peut commencer… …sous plusieurs paires d’yeux attentifs.
Frank s’apprête à monter les boisseaux du fût de ce qui deviendra un oratoire.
Le lendemain Jean-Pierre peut couler du béton à l’intérieur des boisseaux.
Vient alors le montage du parement en briques… avec un coup de main d’Anne-Laure.
Serge de son côté a terminé la sculpture qui représente saint Marc et il la protège.
La préparation de la niche peut désormais commencer autour du sujet.
Le fût est quasiment terminé : le plateau de réception de la niche est en place.
Jean-Pierre et Serge protègent les briques avec de l’huile pour pouvoir ensuite appliquer les finitions.
La représentation en bas relief de saint Marc est amenée pour sa mise en place.
Installation de la niche, collage des pièces, et blocage du tout avec des serre-joints en attendant le séchage.
La figurine du saint est intégrée à la construction et ne pourra donc être désolidarisée.
Jean-Pierre vérifie une dernière fois le bon montage et l’alignement de toutes les pièces de la maçonnerie.
Il s’attèle ensuite à la mise en place de la façade de cet « écrin » pour la sculpture.
Plus tard Jean-Pierre et Serge ont posé un autre plateau de briques au-dessus de la niche.
Ils peuvent maintenant installer le dôme mouluré qui servira de « chapeau » à l’oratoire…
… sans oublier de percer au préalable les éléments où sera fichée la croix sommitale.
Et voilà : toutes les pièces de maçonnerie sont maintenant bien en place.
C’est au tour de Patrick, spécialiste des enduits, d’entrer en action.
Il commence par la partie supérieure et les parois de la niche…
… avant de passer à l’ensemble de la colonne et de la base en compagnie de Jean-Pierre.
Serge, lui, s’occupe de réaliser les joints entre toutes les briques du parement.
Dernières petites finitions et l’oratoire est maintenant prêt à recevoir les dernières pièces en métal.
Sauveur vient mettre en place la porte de l’ouverture de la niche qu’il a réalisée.
Jean-Pierre ajuste la longueur du pied de la croix forgée par Nicolas.
Sauveur met alors cette dernière en place et la scelle définitivement à la résine.
L’oratoire est terminé. La bénédiction par le curé de la paroisse a été donnée le 9 mai 2013 (lire l'article).
CASTELLUM remercie les personnes qui ont participé bénévolement* à la réalisation de cet oratoire :
ARMELIN Jean-Pierre pour sa présence de tous les jours,
CIVILETTI Sauveur pour sa porte de la niche et son aide,
GIRAUD Annie pour le prêt de son terrain,
KLUTCHNIKOFF Serge pour sa présence et sa sculpture,
LAURENT André pour ses souvenirs et ses plans,
PHEULPIN Franck pour son aide au montage du fût,
REGNIER Anne-Laure pour son coup de main,
ROCHE Patrick pour la qualité de son crépi,
SUPPER Nicolas pour sa réalisation de la croix.
* et bien sûr en dehors de leurs heures de travail en ce qui concerne les employés communaux.