Cette année encore la cérémonie du 11-Novembre, devant le monument aux morts, a réuni une importante partie de la population. Des gens de tous les âges. Et à ce propos saluons l'initiative de l'enseignante de Puimichel qui a su motiver ses élèves afins qu'ils participent en nombre et apprennent – à travers ce devoir de mémoire – une forte leçon de civisme et de citoyenneté.
Le rendez-vous a été donné à 11 heures sur la place du Barri, devant la mairie, pour former le cortège.
Les enfants, en portant les gerbes de la commune du Castellet et de l'Amicale des Anciens Combattants victimes de guerre, créent en quelque sorte un lien de mémoire intergénérationnelle. On reconnaît Serge Sardella, notre ancien – mais toujours ami et fidèle – conseiller départemental, dans le public.
La première gerbe de la commune est déposée devant le monument aux morts par le maire Henri Garcia accompagné par Manon.
Celle des anciens combattants, apportée par Marcel Avargues, est déposée conjointement par Anthéa et Victor qui représentent tous les enfants du village.
Marcel Avargues et Henri Garcia se recueillent quelques instants.
Les habitants du Castellet, rassemblés autour du monument, écoutent dans le silence les discours des intervenants.
Cela fait plus de cinquante personnes, sans compter les enfants.
Le premier adjoint, Benoît Gouin, est chargé de lire le message de l'Association française de Combattants et de Victimes de guerre. Marcel Avargues prend la parole au nom de la secrétaire d'État auprès du ministre des Armées et représente également la Fédération nationale André Maginot. Enfin Henri Garcia prononce son message personnel (textes à lire ci-après).
Après son discours Henri Garcia demande aux personnes présentes de respecter la minute de silence. Et juste avant, conformément à la tradition locale, il avait demandé de répondre en chœur "mort pour la France" à la suite de l'énoncé des noms des soldats disparus.
Les enfants du villages posent avec le maire, le représentant des Anciens Combattants, celui des pompiers d'Oraison et les porteurs des drapeaux tricolores.
Textes lus ce 11 novembre 2017
Message de l'UFAC
En ce jour, la France commémore le 99e anniversaire de l'Armistice du 11 novembre 1918 qui mit fin à la terrible épreuve de la Première Guerre mondiale, cinquante-deux mois de combats meurtriers, de cauchemars, de privations, de souffrances et de deuils.
Nous ne pouvons oublier le courage, l'abnégation, l'espérance en la paix de ces générations venues du monde entier, qu'elles fussent européenne, africaine, américaine, asiatique ou océanienne.
Souvenons-nous des souffrances endurées par ces hommes, en ce printemps 1917, épuisés par les combats meurtriers de la Somme et la terrible offensive du plateau du Chemin des Dames.
Souvenons-nous également de l'entrée en guerre des Etats-Unis, en ce même printemps 1917, dont nous commémorons, cette année, le centième anniversaire. La France salue avec respect et reconnaissance, la participation à la victoire de ces soldats américains, dont 126.000 laissèrent leur vie sur le sol de France.
Dans ce même souvenir, unissons tous ces soldats de Métropole, d'Afrique, d'Outre-mer et des Pays alliés, qui ont également versé leur sang pour la France, une France qui sortira terriblement meurtrie de cette guerre :
• 1 400 000 morts
• 740 000 invalides
• 3 000 000 de blessés
• des centaines de milliers de veuves et d'orphelins
En ce jour de commémoration, l'Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) en appelle à la conscience et à la mémoire de chacun, afin que le sacrifice et l'espérance qui habitaient toutes ces victimes, inspirent nos actions en faveur de la Paix, de la Solidarité et de la Fraternité,
Vive la République !
Vive la France !
Message de la secrétaire d'État
Quatre-vingt-dix-neuf années ont passé depuis cette fin de matinée où, ce 11 novembre 1918, à 11 h, sur le front, les clairons ont surgi pour sonner le cessez-le-feu. Un conflit de quatre ans et demi s’achevait alors.
Si l’avant et l’arrière communient dans la fierté nationale, c’est aussi le temps du deuil qui commence face aux pertes considérables, tant civiles que militaires. La Grande Guerre a profondément bouleversé les nations européennes, les équilibres mondiaux sont durablement modifiés.
Cette année, nous célébrons plus particulièrement le centenaire de 1917. Après trois ans de conflit, c’est l’année de la « fatigue des peuples » mais aussi le tournant de la guerre. Sur le temps long, elle s’avère déterminante pour le XXe siècle. Ses conséquences se font encore sentir aujourd’hui.
D’avril à octobre, le Chemin des Daines a rendu son terrible verdict ; cet échec sanglant affecte le moral des combattants et celui de l’amère. L’année française n’est pas seule à se sacrifier. Au prix de lourdes pertes, les Canadiens mènent l’offensive à Vimy, les Britanniques à Passchendaele, les Italiens sont vaincus à Caporetto.
Les Etats-Unis rompent avec l’isolationnisme et s’engagent aux côtés de l’Entente. L’arrivée progressive des soldats américains change le rapport de force et va contribuer à forger la victoire. La mondialisation du conflit s’est intensifiée.
Traversée par deux révolutions, la Russie connaît de profonds bouleversements et signe le 15 décembre un armistice avec l’Allemagne. Cette dernière va pouvoir, en 1918, concentrer toutes ses forces sur le front occidental.
Victimes indirectes de la guerre, des centaines de milliers d’enfants en portent les séquelles et se retrouvent orphelins. Ils grandiront seuls ou au sein de familles incomplètes marquées à jamais par la perte. C’est pour leur permettre de vivre dignement que l’Etat crée le 27 juillet 1917 le statut de « pupille de la Nation ». Destiné à l’origine aux orphelins de guerre, il est étendu aujourd’hui aux orphelins d’un parent tué en opération militaire extérieure ou lors d’un attentat terroriste.
Le 16 novembre 1917, il y a presque cent ans, au milieu de la tempête, Georges Clemenceau était appelé à former le gouvernement. Président du conseil et ministre de la guerre, à 76 ans, il appelle à la « guerre intégrale » et remobilise la Nation et les armées avec l’obsession de mener la France à la victoire.
En ce jour du 11 novembre, depuis la loi de 2012, nous rendons hommage à l’ensemble des morts pour la France. A ceux tombés lors de la Grande Guerre, lors de la Seconde Guerre mondiale, lors des guerres de décolonisation, à ceux tombés hier et aujourd’hui, lors de nos opérations extérieures partout dans le monde, la Nation reconnaissante rend hommage et perpétue l’indispensable mémoire.
Message du maire du Castellet, Henri Garcia
Monsieur le Président des Anciens Combattants,
Monsieur le Conseiller départemental,
Messieurs les porte-drapeau,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Au delà de l'hommage que nous voulons rendre à tous les soldats morts pour la France en nous rassemblant devant ce monument, nous avons coutume, ici, dans notre village, de rappeler le nom des Castellians ; je vous remercie de répondre par ''mort pour la France'' à l’appel de leur nom...
BRUN LEON
BARLATIER JOSEPH
RICHAUD EUGENE
ARMAND GABRIEL
MAILLET LEON
SAUVAN PAUL
BLANC ELIE
PERNOT HENRI
FABIUS CHARLES
MENC EUGENE
REYNIER MARIUS
1917 : cette année est marquée par le Chemin de Dames. Depuis trois ans la guerre s'enlise dans une guerre de position, dans une guerre de tranchées. Le général Nivelle imagine une offensive entre Reims et Laon, une offensive qu'il veut, je le cite : « violente, brutale et rapide ». Pour cela sur un front de 40 kilomètres, 850 000 hommes sont massés avec 2 500 pièces d'artillerie et 25 millions d'obus. Pendant trois jours pour préparer l'assaut 500 obus en moyenne seront tirés à chaque minute.
Si on demande aujourd'hui à un jeune homme que signifie pour lui « le chemin des Dames », je pense qu'un grand nombre d'entre nous seraient étonnés de sa réponse.
Si on posait la même question à un militaire haut gradé, je crois qu'il mettrait en avant la fantastique préparation militaire qu'il a fallu déployer en à peine quelques mois, à l'époque. Il faut savoir que pour préparer cette offensive 320 kilomètres de voies ferrées ont été construites, de même que 25 kilomètres de routes nouvelles ; 155 kilomètres de routes existantes ont été élargies. 22 000 hommes ont été affectés à ces tâches et tout cela à quelques kilomètres à peine du front.
Dans la tête du général Nivelle tout était simple : préparation d'artillerie pendant trois jours, attaque au matin du 16 avril avec un feu roulant qui permettrait aux fantassins d'avancer. L'attaque devait durer 24 heures, 48 heures au maximum. Mais deux jours avant l'attaque un sous-officier est fait prisonnier par les Allemands. Ce sous-officier est porteur du plan d'engagement de son bataillon. Ce document indiquait aussi le dispositif d'ensemble. Il était trop tard pour changer quoi que ce soit. Les Allemands anticipent l'attaque, reculent et s'abritent dans des tranchées plus profondes et même dans des tunnels. Il faut dire que la nature calcaire du terrain s'y prête bien. Nivelle voulait une attaque violente : elle fut violente. Il voulait une attaque brutale : elle fut brutale. Il voulait une attaque rapide : au lieu de deux jours, l'attaque dura du 16 avril jusqu'en octobre.
Si on avait demandé à un ancien combattant de 1917 ce qu'était pour lui le Chemin des Dames , il vous aurait répondu : « le chemin des dames , la première semaine ça a été 30 000 morts et 100 000 blessés ». Il vous aurait dit aussi : « la peur, la faim, la vermine, le bruit des obus, les blessures, les cris des copains qui agonisent, qui meurent sous nos yeux, l'incompréhension avec ceux de l'arrière, les premiers refus d'obéissance, les premiers fusillés… »
Il faut se souvenir de cette guerre, il faut se souvenir de ces soldats morts pour des valeurs que nous devons défendre et qui sont écrites sur le fronton de nos mairies : la liberté, l'égalité, la fraternité en dehors de tout critère de couleur de peau, de politique ou de religion.
Il faut aussi, quel que soit notre âge, respecter le jour qu'est le 11 novembre, et se faire le devoir annuel, de transmettre aux plus jeunes sa signification… Le 11 novembre, au-delà des noms que j'ai cités au début de mon discours, c'est le jour où nous rendons hommage à ceux qui, consciemment ou parfois malgré eux, se sont battus pour que nous puissions vivre libres.
Aussi en hommage à cette histoire, à ce passé, à ces hommes je vous demande d’observer une minute de silence.