Les rues
Les rues du Castellet portent un nom depuis 1995 seulement. Auparavant seul le nom du quartier servait d’adresse pour le courrier. Mais, la situation devenant difficle pour le facteur, la municipalité décida de la « normaliser ». Il fut alors décidé de reprendre – en les officialisant – les anciennes dénominations naturelles données par les anciens. Simplement ces noms, souvent provençaux, ont été francisés dans leur orthographe avec avec le remplacement du « o » final par un « e » en terminaison des substantifs féminins. D’autres noms ont été traduits en français. Rappelons que le provençal s’écrit selon deux graphies, l’une occitane, l’autre «mistralienne», généralisée en Provence du sud (d’Arles à Toulon) et dans les Alpes, que nous adoptons ici. Mais de nombreux mots ont aussi des variantes selon les zones géographiques.
Petit inventaire avec le nom actuel, la graphie provençale entre parenthèses et la traduction.
1 - Vallon de la Fouent (fount ou fouent) : eau vive surgissante, fontaine, source. Dans le prolongement de la Coussière, en allant vers le nord, en direction des Mées. Dans le passé cette voie était appelée vallon des Porcilz (les Pourcelles) ou encore de Brigadel, du nom d’une ferme distante de quelques kilomètres.
2 - Chemin des Oliviers : tout en haut du quartier des Bernards, ce chemin donnait par le passé un accès… aux oliviers plantés à flanc de colline. Aujourd’hui on y trouve de nombreuses maisons construites depuis une cinquantaine d’années.
3 - La Patouille (patoui ou patouio ou patrouio) : bourbier (patrouiller, en ancien français, signifiait marcher dans la boue). Aujourd’hui la Patouille n’est plus le bourbier qu’elle a pu être par le passé, bétonnée dans sa partie la plus pentue et pavée dans sa partie basse.
4 - La Calade (calado) : rue pavée (du verbe cala : descendre). « Il faut se rappeler que les anciens pavaient surtout les rues ou les chemins disposés en pente » (J.-B. Onofrio).
5 - Place du Pountis (pountis) : petit pont en plan incliné qui mène à la grange.
6 - Rue des Jardins : c’est explicite. Dans le passé il n’y avait là aucune maison, mais des jardins potagers proches des habitations du village.
7 - La Coussière (coursiero d’Arles à Marseille, coussiero dans les Alpes) : désigne un chemin de ronde ou un fossé creusé pour canaliser les eaux de pluie.
8 - Rue du Canal : c’est la petite rue qui passe devant l’actuelle mairie. Aujourd’hui elle est entièrement revêtue, mais autrefois le canal d’arrosage y passait à découvert.
9 - Rue de l’Église : est-il besoin de donner des détails ?
10 - Place du Barri (barri) : rempart, muraille, mur de soutènement. C’est la grande place du village qui était protégée par un gros mur des fureurs sporadiques du vallon de la Fouent en cas de gros orages.
11 - La Carrière (carriero) : ce mot désigne la rue, le chemin passant entre des maisons. C’est le nom de la rue principale du village, celle où sont alignées, de part et d’autre, les maisons centrales.
12 - Place de l’église : cette placette, ombragée par un vieux platane, comporte la fontaine monumentale octogonale et un lavoir.
13 - L’Endronne (androuno à Marseille, endrouno dans les Alpes) : petite ruelle, cul de sac, vide entre deux maisons et même… latrines ! Ce qui n’est pas une raison pour laisser les chiens y faire leurs besoins (pas plus qu’ailleurs du reste) !
14 - Rue du Four vieux : facile ! ce four disparu (depuis environ 50 ans) était un four à chaux.
15 - Le Bout du village : c’est traduit en français et ça dit bien ce que ça veut dire ! C’est la sortie orientale du village qui permet de se diriger vers Entrevennes ou Puimichel.
16 - Chemin des Bachelas : chemin d’accès au quartier des Bachelas en partant du carrefour central du village, à côté de la place du Barri.
17 - Place des Bachelas (ou des Bachelards) : petite place où se trouve un lavoir acquis de haute lutte par les habitants de ce quartier à la fin du XIXe siècle et restauré il y a dix ans.
18 - Ruelle du Canal : comme pour la rue du Canal… mais dans le quartier des Bachelas !
19 - Rue des Bachelas : cette petite rue située au centre du quartier des Bachelas comporte des maisons sur ses deux côtés.
20 - Montée des Bachelas (ou montée de Sainte-Anne) : lorsqu’on arrive par la route d’Oraison, cette montée, située à main gauche, permettait d’aller directement au quartier des Bachelas, sans avoir à entrer dans le reste du village.
Les quartiers
Voici maintenant les noms des quartiers et principaux lieux-dits de notre commune. Nous tentons des explications sur les origines de ces noms lorsque cela est possible et on peut voir que là encore les noms sont souvent parlants… avec quelquefois une pointe d’humour. Les Provençaux n’ont jamais eu la réputation de gens tristes.
Bicaï : Bicaï est associé au moulin du même nom. L’orthographe exacte devrait être Bicaïs, du nom d’une famille qui habitait le village au milieu du XIXe siècle. L’origine de ce nom offre une double signification de «baiseur» ou de «piocheur» venant du verbe bica ayant lui aussi ces deux sens. En vieux provençal du pays gavot bic ou bico était d’ailleurs un juron.
Brusse : c’est le nom d’une ruine qui domine le village au sud, tout contre Ville-Vieille. On trouve aussi l’orthographe Brussi ou Brussy. C’est un nom de famille courant. À rapprocher du provençal brusset (masc.) qui désigne la bruyère qu’on utilise pour les vers à soie.
Château-Levin : pas encore de piste sur l’origine de ce nom.
Chemin du Colombier : le Colombier fut jadis une demeure riche et imposante située au creux d’un vallon, en plein milieu du plateau qui sépare la vallée de Rancure et celle de l’Asse. Il n’en reste aujourd’hui que des ruines. Et cette puissante demeure possédait un immense pigeonnier qu’on peut encore observer. D’où le nom de colombier.
Codaret : sur les cartes – et depuis fort longtemps – on lit bien Codaret. Pourtant ici tout le monde prononce Cadaret, sans équivoque !
Coguille : difficile de retrouver l’origine de ce nom. Viendrait-il du breton (la racine kog signifie coq) ? Cela paraît peu probable. En effet la prononciation actuelle [kogyj] et non [kogij] nous incitera plutôt à chercher dans le provençal : on tombera sur couguiéu et plus rarement coguiéu (masc.) qui désigne le coucou, oiseau très présent dans la région, mais aussi – et c’est plus trivial – le mari cocu !
Combe-Croix : pas de véritable piste pour ce nom : il n’y a pas de combe ici. À moins qu’une ébauche d’explication ne puisse être trouvée dans le provençal avec une déformation possible (attestée dans le Trésor du Félibrige) de cambo en combo. Dans ce cas le verbe camba signifie enjamber. Serait-ce que pour y aller il fallait enjamber (symboliquement) le lieu-dit La Croix ?
La Chapelle : c’est le quartier où se trouvait la chapelle de l’ancien prieuré des moines bénédictins, aujourd’hui devenue résidence principale.
La Croix : ce petit quartier correspond au croisement perpendiculaire des deux axes principaux du Castellet. On pourrait donc penser qu’il lui a été attribué pour sa forme. Il n’en est rien ! Tout simplement une grande croix en bois y trôna plusieurs siècles durant et cela jusqu’à la fin des années soixante.
La Palun : en provençal une palun (fém.) est un marais. La prononciation se transforme souvent en parun dans certaines zones géographiques selon un phénomène linguistique appelé rhotacisme.
La Terre : ce nom était couramment en usage dans les familles Exubis et Guigues. Était-ce «la» terre de famille ou bien ce nom était-il courant pour toute la population ? Un élément de réponse serait le bienvenu.
Lebret : il s’agit d’une propriété ayant certainement appartenu à une famille Lebret (ou Le Bret) dont on trouve trace dans les archives communales.
Le Brieu : dans un passé qu’on ne peut même plus s’imaginer le Rancure devait couler fort ici : en provençal le briéu (masc.), c’est l’impétuosité ! Ou plus simplement c’est l’endroit d’un ruisseau où l’eau coule en faisant du bruit !
Le Calvaire : cette portion de colline, qui domine au nord le quartier des Bachelas et à laquelle on accède péniblement (la montée est rude) par le chemin qui passe par l’aire de battage, abritait-elle par le passé un calvaire ? On n’en a trouvé à ce jour aucune trace ! À moins que la rudesse de l’expédition pour aller y cueillir les olives n’ait été ressentie par le passé comme un véritable calvaire… On n’a pas trouvé d’élément de réponse.
Le Clos : deux explications sont possibles pour ce nom. Soit il remonte à quelques décennies à peine et c’est tout simplement un terrain clos (mais il y aurait un muret d’enceinte ou un fossé), soit cela vient du provençal clos (masc.) qui signifie noyau : fau coupa lou clos pèr avé l’amelo (il faut casser le noyau pour avoir l’amande).
Le Ferraillon : Ferraioun est un nom de famille originaire du Dauphiné. En provençal le mot ferraioun désigne la ferraille ou de mauvaises armes.
Le Grand Pré : au-dessous du Petit Pré et de taille plus importante !
Le Gravat : C’était encore dans la première moitié du XXe siècle, un endroit mal cultivé où se trouvaient beaucoup de pierres et de décombres divers.
Le Pavillon : le bâtiment de la ferme.
Le Petit Pré : au dessus du Grand-Pré et de plus petite taille !
Le Village : le «centre ville» simplement !
Les Bachelas : ce quartier n’est pas le plus ancien, mais il s’est développé autour d’une ancienne famille qui lui a donné son nom, comme pour les Bernards.
Les Bernards : certainement le tout premier quartier lorsque le village est descendu en fond de vallée. C’est là qu’on trouve les maisons les plus anciennes. Le nom de ce quartier vient de la famille Bernard qui l’a sinon fondé, du moins habité dans les tout premiers temps. Il ne reste plus de descendants de cette famille.
Les Blancs : l’origine vient du nom d’une famille y ayant possédé des terres.
Les Itardes : ce nom vient de celui de la famille Itard largement présente dans le coin au fil des siècles. Les terrains de ce hameau ainsi que les bâtiments de l’école et de la mairie ont fait l’objet d’une donnation à la commune par M. et Mme Itard du Castellet. À Oraison le docteur J.-M. Gaspard Itard se rendit célèbre au XIXe siècle pour avoir travaillé avec Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron.
Les Paruns : voir La Palun. Ici le cours de Rancure s’élargit et assurait ainsi la présence de petits marais. Aujourd’hui on y trouve la station de lagunage.
Malhivert : on pense immédiatement à un mauvais hiver, ou plutôt à un lieu peu agréable l’hiver. On peut aussi y voir une déformation de mal i vèn (on y vient difficilement), tout comme malijai veut dire que l’on y gît mal (mal situé).
Saint-Jean : pas d’explication connue… à moins que ce quartier, situé non loin de celui du Vignaret, ne soit un hommage indirect au patron des vignerons. Ce saint patronage vient d'ailleurs d'un jeu de mots remontant au Moyen Âge : la tine était alors la hotte dans laquelle les vignerons mettaient le raisin récolté. Or saint Jean avait été supplicié à Rome par l'empereur Domitien tout près de la Porte latine. D'où le nom qui lui est couramment attribué «saint Jean-Porte latine» et le jeu de mots «saint Jean porte la tine».
Sainte-Anne : pas d’explication connue. On notera toutefois que Sainte-Anne est, entre autres, la patronne des tisserands. Or l'on sait que par le passé Le Castellet a compté plusieurs familles de tisserands et qu'il y avait un foulon à drap (voir l'article sur les moulins). Le quartier Sainte-Anne se situe entre le village lui-même et le foulon à drap…
Taillas : le nom de ce quartier appartenant à la commune du Castellet mais se situant dans la vallée de l’Asse vient du nom de la famille de Taillas, propriétaire, à l’origine, du château qu’on y trouve.
Terre de Château : c’est la terre située au bas du vallon de Château-Levin.
Vallon de la Fouent : en provençal la font, fount ou fouent (fém.), c’est la source. Celle dont il est question ici fut la première source captée pour alimenter en eau le village.
Vaudenac : vau de nac (ou nauc, ou nauco) signifie vallon de la vasque. Comme il y avait là une petit zone marécageuse, cela pouvait constituer cette « vasque » de retenue d’eau.
Vidal : l’origine vient du nom d’une famille ayant habité les lieux.
Vignaret : lou vignarés ou vignaret (masc.), c’est tout simplement le vignoble. Voilà qui indique sûrement un lieu de plantation des vignes. J.J.M. Féraud, l’abbé écrivain, notait en 1844 à propos de notre village que « le sol produit […] de très-bon vin. »
Ville-Vieille : évidemment c’est explicite. On trouve à cet emplacement de nombreuses ruines indiquant l’emplacement du Castellet primitif avant la descente des familles en fond de vallée à partir du XIIIe siècle.