André Laurent était notre doyen. Il vient de nous quitter le 16 juillet, à 94 ans. Paisiblement. Dans sa maison. Comme il l’a toujours souhaité. La maison de sa famille. Une famille d’artisans de la terre, ainsi qu’il aimait à le dire. Lui n’a pas suivi la voie familiale. Il a fait des études. Formé aux Beaux-Arts (il a conservé toute sa vie des talents de dessinateur et d’aquarelliste), il s’est très tôt passionné pour l’architecture. Mais il est toujours resté attaché à son village du Castellet. Au point d’y revenir chaque fin de semaine, quand il avait ses activités à la ville.
Boulimique de travail et d’aventures, André Laurent a tout fait.
Proche collaborateur de Fernand Pouillon (qu’il a toujours considéré comme son maître à penser en architecture), il a participé à des projets fous comme la faculté de droit d’Aix-en-Provence ou, dans cette même ville, les 200 logements en 200 jours pour 200 millions… de l’époque. On était en 1951. Il a travaillé sur la reconstruction du Vieux Port de Marseille et le déplacement de hôtel de Cabre, une véritable gageure technologique. Il a réalisé les ensembles de Diar-es-Saada et Diar-el-Mahçoul en Algérie.
Docteur en urbanisme, il a par ailleurs élaboré un projet de réintroduction du bouquetin dans le parc national du Mercantour.
Chasseur, il a su diriger des sociétés de chasse pour gérer intelligemment les ressources. Passionné par les chiens, il fut longtemps juge de la société canine. Et dans le prolongement de cette double passion cynégétique, il s’est adonné à la taxidermie.
Jeune homme, il fut champion cycliste des Basses-Alpes.
Adolescent, il est entré dans la Résistance, sur les traces de son père, responsable local pour Le Castellet.
Puis, passionné d’aviation depuis sa tendre enfance (l’aérodrome d’Oraison lui avait permis de découvrir ce sport de voltige), il passa son brevet de pilote, devint responsable d’un aéroclub et sillonna la France dans les airs.
Enfin, curieux de recherches historiques, il fouilla les archives pour retracer le passé de son village natal. Et pour inciter à la création d’une association du patrimoine, Castellum, dont il fut nommé président d’honneur en 2009. Et à travers cette association, il a pu éditer nombre d’ouvrages sur la vie quotidienne, les édifices religieux, les fontaines et les lavoirs ou le travail des paysans de Rancure. Il s’est encore attaché à conserver la mémoire de la Résistance autour d’Oraison à travers plusieurs ouvrages d’histoire locale.
Homme aux mille vies, honoré en de nombreux domaines, décoré de l’ordre national du mérite, André Laurent est toujours resté un homme attentif aux autres, prêt à rendre tous les services, d’une simplicité exemplaire. Un ami fidèle. Et bien sûr un époux, un père et un grand-père attentionné et fier.
C’est vers vous, Gilberte, Olivier, Andréa, Diane, Marine, Maxou, Guillaume, Chloé que vont toutes nos pensées et notre souvenir de l’homme lumineux qu’il a été.
2 août 2009 : André Laurent dédicace son premier ouvrage paru sous l’égide de Castellum.
Cette même année 2009, il est désigné président d'honneur de Castellum
20 juillet 2015 : André Laurent tient une conférence sur la Résistance avec ses amis Robert Maestracci et Jean-Marie Pons, qu’il vient de rejoindre.
19 mai 2018 : André Laurent est décoré de la médaille de chevalier dans l’ordre national du Mérite.
Auteur éclectique, André Laurent a publié les résultats de ses travaux et recherches sur l'histoire, les édifices et la vie quotidienne en Val de Rancure.