Grâce au Conseil général des Alpes de Haute-Provence et à la Médiathèque départementale, notre village a accueilli cette année encore, le 20 août, une étape des 10es Rencontres de la parole. Cette initiative du département a pour objet de favoriser la culture dans les petites communes où malgré la faiblesse des moyens financiers les élus et les bénévoles font l'effort de maintenir la présence d'une bibliothèque.
En excusant l'absence de notre maire Henri Garcia, le premier adjoint Benoît Gouin a accueilli le public,
les comédiens et les techniciens dans la salle polyvalente avant de laisser la parole à Christiane Belœil,
conservatrice de la Médiathèque afin qu'elle présente le spectacle.
En première partie Rénald Fleury, contrebassiste normand, a entraîné le public sur des rythmes jazzy
syncopés, chantant d'une voix chaude des textes de grande richesse alternés avec des onomatopées
endiablées et pleines d'humour…
… avant de poursuivre un bœuf improvisé avec un autre artiste, Marc Buléon, conteur-musicien,
pour le plus grand bonheur du public.
Après ces hors-d'œuvre, Claude Delsol est monté sur scène pour un spectacle au rythme d'enfer. Tour à tour
petit enfant allant passer ses vacances à Vignevieille chez Pépère et Mémère, au pied des Corbières, palefrenier
puis apprenti magicien, cet homme n'a eu aucune peine à faire aimer son terroir – le Languedoc – à des
spectateurs eux-mêmes attachés à leur terre.
Claude Delsol n'est pas un clown triste. C'est un amoureux des mots et des gestes qu'il sait composer entre
eux avec une infinie précision et une légèreté qui suspend l'auditeur à ses lèvres. Et si tous ses contes se
terminent évidemment par une pirouette, il ne s'en dégage pas moins une sorte de morale bien populaire
et une grande tendresse.
Ses mains de magicien qui déplient un vulgaire bout de papier pour le transformer en billet de 200 euros
puis de 500 euros dans la foulée, ses mains de jongleur, ses mains de conteur (parce qu'on peut
aussi dire plein de choses avec ses doigts), ses mains qui mesurent le temps de la vie à l'aune de l'amour
et de la sagesse des hommes…
… savent aussi se dresser pour un salut fraternel et une fausse sortie. Quand il fait mine de quitter la scène
avec le traditionnel mot de la fin des conteurs occitans "E cric, crac, mon conte ès acabat", c'est juste pour
mieux revenir et poursuivre avec générosité, quelques minutes encore, son spectacle.
Une vraie générosité… puisqu'il met un vrai terme en offrant au spectateur des "bonbons d'intelligence",
comme son Pépère lui en avait donnés quand il était enfant.